La thérapie par immersion en eau froide, dans laquelle les participants se plongent dans de l’eau entre à 2°C et 10°C, a connu une popularité grandissante ces dernières années. Ses partisans affirmant, à qui veut bien l’entendre, qu’elle peut tout faire : améliorer la fonction immunitaire, aider à la récupération après un exercice physique ou une blessure, soulager les symptômes du stress, ou encore améliorer la conscience et la volonté.
Ces affirmations commencent à être validées scientifiquement. L’un des principaux domaines de recherche concerne le lien entre l’immersion en eau froide et la respiration contrôlée.
Nous avons un cercle vertueux ici, car la respiration et la pratique de l’immersion en eau froide sont intimement liées. Améliorez le contrôle que vous avez sur votre respiration et vous améliorez votre capacité à tolérer l’immersion dans l’eau froide ; pratiquez l’immersion dans l’eau froide régulièrement et vous améliorez votre capacité à contrôler votre respiration, peu importe à quel point la situation dans laquelle vous vous trouvez est stressante.
Les mécanismes à l’œuvre derrière la respiration en eau froide
La réaction initiale à l’immersion en eau froide est communément appelée « choc froid ». Il se caractérise par une baisse rapide et importante de la température de la peau (sinon de la température centrale) et des changements dans la respiration. On constate de l’hyperventilation, de l’hypocapnie, de la tachycardie, une vasoconstriction périphérique et de l’hypertension.
Les réponses physiologiques à ce choc atteignent un pic d’intensité dans les 30 secondes environ qui suivent l’immersion. Elles se réguleront ensuite au cours des 3 premières minutes d’immersion de la plupart des individus.
Un réflexe inspiratoire se produit presque dès qu’un individu est immergé dans l’eau froide. C’est peut-être la réaction la plus dangereuse associée à une exposition soudaine au froid : le choc est suffisant pour déclencher les mêmes réactions réflexes qu’en cas de noyade ou d’atteinte cardiovasculaire. La puissance de cette réaction et l’effet qu’elle a sur un individu peuvent faire ou défaire la pratique de l’immersion en eau froide. Généralement, une hyperventilation se produit alors, se situant à environ un litre de la capacité pulmonaire totale : elle est responsable de la sensation de dyspnée (respiration difficile et laborieuse) ressentie lors de l’immersion.
En fait, le « choc froid » peut réduire la capacité respiratoire jusqu’à 30 % de son niveau d’avant l’immersion, et toute respiration retenue sera suivie d’une hyperventilation et d’une hypocapnie qui en résultera. Ce choc est séparé de tout changement de la température du corps (autre que la température de la peau, bien sûr). Il précède toute modification de la température centrale du corps. Cette rapidité conforte l’idée que son origine est neurogène, initiée par les récepteurs de la peau au froid et la réaction du cerveau aux signaux qu’ils transmettent.
Cependant, il existe plusieurs façons d’atténuer le choc et l’hyperventilation qui s’ensuit et, en fin de compte, de prendre le contrôle de votre respiration pendant la pratique de l’immersion en eau froide.
Méthode d’immersion
Tout d’abord, la manière dont vous entrez dans l’eau aura un impact important sur votre respiration. Si vous optez pour une immersion graduelle, en vous plongeant progressivement dans l’eau, vous pouvez vous attendre à ce que la ventilation augmente à un rythme beaucoup plus lent que lors d’une immersion totale immédiate sans palier.
Donc, si vous débutez, il peut être intéressant d’envisager de vous immerger lentement (à moins, bien sûr, que vous ne préfériez une immersion rapide pour en avoir fini avec cette étape plus rapidement !) Le facteur « choc froid » de votre respiration sera considérablement réduit, avec moins d’hyperventilation et moins de réaction de panique induite. Ensuite, au fur et à mesure que votre corps s’adapte sur une période de plusieurs semaines, vous pourrez envisager de faire le grand saut beaucoup plus rapidement, l’immersion totale et immédiate étant le but ultime.
Ce processus vous permettra un meilleur contrôle avec le temps, votre tolérance au choc se renforcera tout en diminuant la réaction de votre corps à celui-ci.
Cela nous amène à la deuxième façon de réduire cette hyperventilation et de prendre le contrôle de votre respiration pendant et après l’immersion en eau froide : Comment gérer la réponse au stress qu’elle implique ?
Gérer la réponse du corps au stress
L’hyperventilation qui accompagne la réaction au choc thermique sera accompagnée d’une surcharge sympathique. Il s’agit d’une réponse au stress provoquée artificiellement, qui peut être un outil incroyablement puissant pour la gestion du stress.
La théorie actuelle suggère que le fait de supporter et de surmonter les contraintes provoquées par l’immersion en eau froide peut aider à reprogrammer nos « détecteurs de menaces » dans une certaine mesure. Nous, les humains, sommes bien plus à l’aise dans le monde moderne que ce à quoi notre corps était destiné. La plupart d’entre nous ne sont pas confrontés à des menaces graves au quotidien. Nous avons suffisamment chaud, somme à l’aise, bien nourris et en sécurité. Et ceci grâce à des dispositifs modernes tels que des machines qui nous permettent de nous économiser et d’avoir un certain degré de maîtrise sur notre environnement afin de nous éviter de subir des contraintes physiques.
Nous sommes, en fait, toujours dans notre zone de confort par défaut. Nous n’avons quasiment jamais l’occasion de ressentir une menace réelle et primaire. Par conséquent, nous n’avons aucun moyen de faire face aux symptômes de stress lorsqu’ils apparaissent. Cependant, l’induction artificielle de ces symptômes peut habituer notre corps à les ressentir, le contrôle de la respiration étant primordial pour les gérer. Cela nous rendra en effet plus résistants au stress, tant physique que mental, à mesure que notre corps s’adaptera et apprendra à y faire face.
C’est un fait avéré : ceux qui sont plus expérimentés en matière d’immersion en eau froide présentent un degré d’hyperventilation et de dyspnée bien moindre dans les dix premières secondes, et dans les trois premières minutes, que ceux qui ont moins d’expérience.
Participer régulièrement à une thérapie d’immersion en eau froide, et donc provoquer régulièrement cette réaction, peut adapter notre corps à la peur et au stress. Il le fera dans un environnement contrôlé (dans notre cas, dans un bain de cryothérapie Cryotubs dans le cadre d’une pratique d’immersion en eau froide). Cela nous aidera à préparer notre esprit et notre corps à des situations qui nous dépassent, ou nous permettra de nous apporter plus de contrôle face à des événements stressants.
Nous entrons alors dans le cycle vertueux mentionné ci-dessus en tant que praticiens de l’immersion en eau froide : se soumettre à l’immersion en eau froide nous adaptera au stress et nous entrainera à la poursuite d’une respiration naturelle sous la contrainte, tandis qu’apprendre à contrôler notre respiration nous permettra de devenir des praticiens plus habiles de l’immersion en eau froide.
Immersion dans l’eau froide et travail respiratoire
La volonté, la maîtrise de soi et l’engagement sont nécessaires à toute personne souhaitant profiter de la thérapie par immersion en eau froide. Il faut vraiment avoir beaucoup de volonté pour faire le premier pas vers l’immersion en eau froide. Se maintenir dans l’eau, et revenir à la pratique de temps en temps, augmentera ce niveau de base de volonté.
Le contrôle de la respiration, les techniques de respiration consciente, comme le pranayama yogique, constitue la pierre angulaire de pratiques comme celle de Wim Hof, dit« l’homme de glace », un des principaux adeptes et fervent promoteur de l’exposition au froid. Ce travail sur la respiration est essentiel pour améliorer la volonté de chacun.
Il renforcera les avantages conscients obtenus par l’immersion en eau froide, et les avantages conscients de l’immersion en eau froide rendront à leur tour un praticien plus expert en matière de contrôle de la respiration et de méditation.
La pratique de la respiration consciente exige patience et dévouement, tout comme l’immersion en eau froide. Les deux pratiques travailleront de concert pour permettre au praticien d’améliorer sa concentration, de réduire son niveau de stress et de créer un état de conscience de soi propice à une meilleure volonté.